Des conditions météo polaire sur la région lyonnaise la semaine post SaintéLyon ont laissé planer le doute d'une possible annulation de l’épreuve. 40 à 50cm sont tombés sur les monts du lyonnais mais finalement, il n’en sera rien et la SaintéLyon 2010 sera une édition dantesque qui restera gravé dans les mémoires.
Samedi 04 Décembre, Paris, Gare de Lyon, il est 15h, je rejoins mes collègues Nico, Régine, Bruno, Mo et Patrick. Tout le monde est d’attaque et à un paquetage bien chargé pour affronter la nuit, le froid et la neige.
Le timing de la journée est serré et ça démarre mal car on nous annonce 25min de retard, on arrivera finalement à Lyon avec 40min de retard. Mon frère nous a rejoint et on décide d’abandonner l’option navette « Bus » pour prendre le TER que l’on juge plus rapide pour atteindre St Etienne.
Il est 19h45 quand on arrive en gare de St Etienne Chateaucreux mais le périple n’est pas encore terminé puisqu’il faut encore marcher un bon ¼ d’heure - 20min pour renter enfin au Parc des Exposition. Mise à part la neige qui est bien présente sur les trottoirs, on peut déjà s’apercevoir que le sol est verglacé par endroit car je manque d’aller par terre une ou deux fois !!
Deux énormes halls ont été réquisitionnés par l’organisation, et déjà beaucoup de monde partout.
Certains se préparent, d’autres dorment ou essayent, nous, nous arrivons devant ce qui se présente être la queue pour retirer les dossards, et là on hallucine !! C’est DisneyLand !!
Il y a plusieurs centaines de coureurs qui attendent patiemment les uns derrière les autres, on se mêle à la foule puis au bout de 10 minutes, on se rend compte que l’on va y passer la soirée, manque de bol, Régine, Patrick et Bruno doivent prendre une navette à 22h pour rejoindre leur départ de la Saintéxpress à St Catherine. Le temps urge et ils décident d’aller à la Pasta Party pendant que l’on fait la queue.
D’un coup, la chance tourne et un bénévole passe en demandant aux coureurs de la Saintéxpress de passer devant tout le monde, ni une ni deux, on a les cartes d’identité des collègues alors on fonce….et hop on gratte tout le monde, cool !! On récupère enfin notre super chasuble dossard typique de la SaintéLyon.
On peut maintenant filer à la Pasta pour prendre des forces, ça se passe dans le deuxième hall, bizarrement il y a moins de monde ici et surtout c’est calme, il n’y a plus le speaker qui hurle !!
22h, Il est déjà temps pour les coureurs de la saintéxpress de partir rejoindre les navettes, ils partiront à minuit comme nous.
Nous nous installons dans un coin de la salle et commençons à nous préparer tranquillement.
Certains sont déjà en tenue, en short !! Ils n’ont pas du sortir le bout du nez dehors !! Pour ma part j’ai choisi un collant long « warm » avec mes Booster, mes guêtres et les XT wings aux pieds, pour le haut, j’ai hésité longtemps avant d’opter pour un tee-shirt manche courte avec des manchettes et une veste « warm » Salomon par-dessus, gants de soie au main. Le sac est chargé, coupe vent, maillot manche longue, chaussette, gants épais, pile, portable, Ipod, Yaktrax, bouffes et poche à eau de 2 litres dont j’ai passé 1h la veille à bricoler une isolation pour le tube !!
Je suis prêt !! Il est 23h15 et on va déposer avec Nico nos sacs de change à l’extérieur dans un bus qui les transportera à l’arrivée, c’est un peu la cohue et complètement désorganisé mais après 15min dehors où on se rend bien compte que l’été est loin, on fini par arriver a laissé notre sac.
La pression monte durant cette dernière demi-heure,
le speaker interview les « stars » du peloton, j’ai hâte de partir maintenant, mon frère doit encore attendre 2h avant de rejoindre St Catherine lui aussi pour prendre son relais vers 5h du matin, il est motivé pour sa première !!!
Ca y est tout le monde se dirige vers la sortie et la ligne de départ, ça fait du monde d’un coup….5700 coureurs sont annoncés.
Nous sommes loin de la ligne et je me faufile avec Nico sur la droite, nous permettant de nous placer dans les premiers 500 gus. Le froid est terrible, la preuve avec cet arbre transformé en œuvre d’art.
23h55, « Allumez vos frontales », c’est pour la photo officielle, c’est impressionnant le monde !!!
00h00, et c’est partis, enfin !!
L’excitation est présente au sein du peloton, et l’allure est tout de suite assez rapide, les gens veulent se réchauffer !! Moi, je prends un rythme de croisière pour entamer les 9 premiers km de bitume. Après 5km, je suis à 11,5km/h de moyenne mais je n’arrête pas de me faire doubler…soit je suis à la ramasse ou alors les gars vont tomber comme des mouches dans 3h, le froid rendant l’organisme plus difficile à gérer, les calories se consument plus vite!
En parlant de froid, nous passons devant un panneau électronique indiquant -8°C, vaut mieux pas trainer en route.... de mon côté, j’ai limite chaud, je suis bien !! En plus on attaque la longue montée vers Sorbier qui finis l’échauffement route car les chemins prennent le relais, et un autre sport commence !! Ces chemins sont totalement enneigés, juste damé par le passage de véhicules type quad ou autres, il n’y a donc que 2 traces parallèles de 60cm pour circuler et à la moindre perte d’équilibre c’est plantage dans 50cm de poudreuse !!
Dans le premier tronçon, je teste la prise d’appui, ça tient bien mais le moindre dévers nous rappel à l’ordre. Nous sommes encore nombreux, on progresse à la queue leu leu, impossible de doubler sans sortir des traces et donc mettre les pieds dans la neige.
Ce qui m’inquiète, c’est que les inflammations au niveau des muscles releveur de la cuisse refont apparition, problème de récup post Templiers !! Chaque « glissade » ou montée de genoux est assez douloureuse et je m’oblige à faire des petits pas pour éviter de tirer trop dessus. Ca va être long, je n’ai pas encore fait 20 km…
Le tronçon suivant, je décide de m’arrêter pour chausser les Yaktrax, je ne les ai quand même pas emportés pour rien, on me double, pas grave, la pose n’est pas rendu facile avec les gants mais je repars et là c’est que du bonheur, un grip terrible, plus du tout d’appréhension et elle se font totalement oublier au pied, bon par contre ça n’empêche pas de rester bloquer dans la colonne de coureurs sinon à côté c’est la poudreuse et je n’ai pas envie d’avoir les pompes trempées.
Je prends le temps de me retourner et d’admirer la vue superbe sur St Etienne illuminés et ce serpentin de frontale qui zig-zag dans les collines enneigées, ça vaudrait une belle photo !!
Bon c’est déjà la fin du tronçon et on se retrouve une nouvelle fois sur la route, ce qui m’oblige à retirer les Yak car pas prévue pour le bitume et surtout pas agréable comme amorti !! Je me rends compte que le bénéfice n’est finalement que minime et que le froid et la fatigue ne vont pas rendre l’opération simple à chaque arrêt. Le problème c’est qu’on ne sait jamais à l’avance quelle distance fait le tronçon enneigé, la course pourrait être assimilée au Paris-Roubaix des cyclistes où la neige remplace les pavés.
Je fais donc le choix de ne plus m’arrêter et de faire avec comme la majorité des coureurs…
Km 16, St Christo en Jarez, premier ravito et pas mal de monde pour nous encourager, ça fait plaisir, je ne m’arrête pas et continue ma route…
On passe au niveau du point culminant de la course, 850m, j’entends un bénévole annonçant -10°C, bizarrement ça me fait aucun effet, je me sens toujours au chaud, sauf quand par moment le vent nous fouette le visage, heureusement il n’est pas trop fort et on est souvent abrité.
Km 30, St Catherine, j’attrape 3-4 pâtes de fruit au vol et un thé que je bois en marchant pour éviter l’arrêt et le refroidissement, c’est aussi ma nouvelle technique pour éviter de perdre trop de temps dans les pauses.
Je pense avoir une bonne allure, je double plus que l’inverse et les sensations ne sont pas trop mal, le peloton s’étiole ce qui me fait croire que je me rapproche de la tête ou tout du moins des 150 premières places.
Certains passages sont assez techniques comme les descentes où la neige est bien tassée, j’en vois quelque uns aller au tas, moi j’arrive toujours à m’en sortir en équilibriste et ma nouvelle Petzl Myo RXP fait des merveilles. Dans les zones à risque, j’active le mode Boost et hop je vois comme en plein jour !! Rien à voir avec l’ancienne qui obligeait à regarder ses pieds en continue…
D'un coup un point lumineux rouge apparait dans la neige devant moi, what's happend!!! Y'a un sniper qui veut ma peau?? ça dure une trentaine de seconde puis s'arrête, j'ai préféré continuer de regarder devant moi pour ne pas m'étaler....En y repensant par la suite, ce devait être un coureur équipé d'une caméra qui orientait la visée...
Km 34, St Genoux, même configuration, quelques sucreries et un thé et je repars en marchant, je remplirais mon Camel au prochain ravito.
Le profil est maintenant bien descendant et on reconnaît les purs routards qui déploient leur foulée sur le macadam, je continue toujours à mon allure de croisière qui se situe maintenant à 10,2-10,3km/h en moyenne.
J’accroche un gars qui me permet de me sortir un peu de ma torpeur, et qui évite que je me fasse trop gratter sur cette bonne portion de route. Après un virage à gauche, il fait une belle glissade sur une plaque, je continue sur l’allure mais au bout d’un kilomètre je me retourne et ne le vois plus derrière moi, ni lui ni personne d’ailleurs !! Je me dis qu’il s’est peut être fait mal finalement !! Mais après encore un bon kilomètre, je rejoins un petit groupe d’une dizaine de gars arrêté à un carrefour, ho ho, ça sent pas bon, et bingo !! On a loupé la trace !!! Le gars derrière moi m’avait peut être appelé mais avec les écouteurs je n’ai pas dû entendre…
En regardant vers les collines, on ne voit pas les frontales du parcours, 3-4 coureurs font demi-tours alors que le reste décide de prendre un chemin descendant pour « couper ». Que faire, ça me fait suer, je viens de me taper 2 bornes pour rien !! Allez hop, j’emboite le pas aux « coupeurs » et je m’engage dans cette descente assez raide et surtout qui n’en finit pas, j’ai peut être fait le mauvais choix mais trop tard pour reculer, pas envie de tout remonter. On se retrouve en ville tout seul, on est 6 dans la galère dont 2 qui gaz quand même pas mal et on navigue à l’orientation, heureusement, une voiture passe et nous indique la bonne direction pour Soucieu en Jarrest, le prochain ravito. Sauvé !!!
Sauf qu’on se retrouve sur un long faux plat montant interminable, tantôt on court, tantôt on marche, la fatigue s’installe et j’enrage de cette erreur bête !! Pas mal de voitures de suiveurs nous double et je n’ai qu’une envie, c’est que l’une d’entre elles nous proposent de nous déposer !!
Km 45, Soucieu en Jarrest, on arrive enfin au ravito et le hors piste se chiffre à presque 5 bornes sur mon GPS, je prends une bonne claque moralement surtout que je me retrouve à nouveau dans le flow important du peloton, j’ai perdu sans doute un paquet de place surtout que le parcours n’empruntait que de la descente…
En orange ma trace et en rouge ce qu'il fallait faire!!!
Je remplis cette fois ci mon Camel qui était quasi vide de liquide mais pas d’air !! A chaque gorgée je repousse le liquide dans la poche pour éviter que le tuyau ne gèle, ça fait flop flop quant je cours du coup.
Le parcours est de plus en plus dangereux et l’attention est à son maximum au fur et à mesure que l’on descend vers Lyon car d’innombrables plaques de glace jalonnent les routes. Les chutes ou plutôt glissades sont nombreuses, souvent sans gravité mais rendant la course périlleuse.
Km 57, Beaunant, dernier ravito avant l’arrivée, je prends le temps de prendre une soupe et de manger un peu plus car je me sens à la limite de l’hypo. Au moment de repartir je sens le froid m’envahir, pas bon tout ça. Heureusement, on attaque la super bosse du parcours, une côte de quasiment 1,5km à 20% sur route, ça réchauffe vite fait !!
Il ne reste plus que de la route maintenant et ça devient de plus en plus dur, j’ai toujours aussi mal quand je lève les jambes et je ne peux pas augmenter la foulée.
Je profite de la moindre montée pour marcher un peu et regarde mon GPS régulièrement pour voir ces kilomètres qui ne défilent pas. Enfin la descente sur les quais, plus que 5km, mais là ils sont terrible car le vent s’est levé et nous frappe pleine tête, alors que le sol lui est verglacé, que du bonheur !! La progression est terrible. Au bout du quai, on prend la direction inverse et cette fois le vent nous pousse salutairement mais on passe du sol gelé au galet qui fracassent les pieds !!
Les derniers 150mètres, et on passe sous l’arche d’arrivée du palais des sports de Gerland, terminé !!!
Finisher!!
J’arrête mon chrono, 7h45’ et vois ma distance ; 72km, j’enrage encore une fois en me disant que j’ai surement perdus 40 à 45min dans l’affaire et que j’aurais peut être pu passer sous les 7h…
Après la petite collation à l’arrivée et la récupération de mon sac, je pars à la recherche des douches, on m’indique qu’il faut ressortir et marcher…..encore !! Et oui encore bien 300 mètres où il faut se trainer avec son barda pour prendre une douche limite froide, pas cool !!!
Bref je retrouve Régine, Patrick et Bruno somnolant dans les gradins, ils ont bouclés les 44kms de la Saintéxpress dans des temps honorables.
Nicolas arrivera en 9h40 alors que Mo nous rejoindra directement sur le quai à la montée du train après 12h15 de course au courage, le moment est mémorable, elle s’installe encore en tenue avec son dossard et son sac à dos, excellent !!!!
Mon frère finira aussi son relais en 5h30, il en aura un peu chié pour sa première expérience du trail…
Pour conclure, une course loin de ce à quoi je m’attendais, un circuit super jusqu'à St Catherine puis plus que moyen jusqu'à l’arrivée, des gros manque dans l’organisation, bref perfectible par rapport à d’autres courses où certes il y a moins de monde mais justement, ne faut il pas des fois privilégier la qualité à la quantité ?
Place maintenant à une grosse phase de récupération avant de reprendre le chemin de l’entrainement et la préparation des objectifs 2011.