Voilà! C’est fait, j’ai une nouvelle fois « survécu » à cette Diagonale des Fous!
Je vous livre cette petite analyse à chaud alors que mon corps n’est que souffrance, la peau des pieds déformée par quelques ampoules, les muscles brisés par le martelage des coups, les articulations endolories par trop de sollicitations, genoux et chevilles gonflées, voute plantaire hyper sensible et doigts de pieds qui fourmillent…😅Lorsqu’il y’a dix mois, nous nous sommes inscrits, tous les quatre, Xavier, Stéphan, Jean-Pierre et moi, il y avait cette idée de pouvoir finir ensemble au stade de la Redoute après avoir traversé l’île sur 170km et plus de 10,000m de dénivelé positif. On savait que ça ne serait pas chose aisée et il n’y avait du coup pas de stratégie décidée à l’avance sauf celle de vivre pleinement sa « Diagonale ». On essaierai de rester ensemble le plus longtemps possible mais si le rythme de progression dû à la fatigue, au sommeil, au soucis de santé venait à se rompre alors on ne s’obligeraient pas à s’attendre.
Le départ! Si il y a une image de l’ambiance sur l’île à garder, c’est bien celle de ces milliers de réunionnais amassés le long du front de mer à nous encourager, c’était unique, incroyable! Pour le groupe, on l’a vécu en décalé car pour Xavier et moi, on est parti dans le sas 2 à 21h10 alors que Steph et Jean-Pierre sont parti sas 3, 10 minutes après nous. Chacun a profité à fond et on s’est attendu au bout du boulevard pour s’élancer à l’assaut de notre défi collectif mais avant tout personnel!
Les premiers 40km qui nous mènent jusqu’à la plaine des Caffres se passent très bien dans cette nuit à la chaleur tropicale dès le départ pour trouver ensuite un peu plus de fraîcheur en montant. Nous passons les bouchons « classique » du début de parcours, au dessus de Domaine Vidot, dans la bonne ambiance du peloton et des blagues potaches des réunionnais qui nous entourent!
C’est en s’élançant sur le sentier de Mare à bout que les choses sérieuses commencent et que les chemins deviennent de plus en plus exigeants physiquement!
Cailloux, racines, marches, échelles, sol humide par endroit, tout y est pour passer un « agréable » moment! 😅
La descente qui s’ensuit dans le Cirque de Cilaos depuis Coteau Kerveguen vers le Bloc est le premier test psychologique pour chercher les failles dans notre résistance mentale à subir les choses, les impacts et le chaos du sentier!
La première base de vie à Cilaos est toujours agréable pour faire le bilan des 72 premiers km, douche, podologie, massage, repas, famille et ça repart presque à neuf! 😅
Le groupe va bien et nous avançons prudemment.
Hormis pour moi, les trois autres font leur première diagonale, et à Cilaos, commencent à prendre la mesure de ce qui va nous attendre jusqu’à l’arrivée!
En effet, on peut diviser le parcours en 4 parties: départ jusqu’à Mare à boue pour la partie facile, le cirque de Cilaos pour rentrer dans le vif du sujet, Mafate pour te briser en quatre et enfin le retour sur la cote pour finir en mode zombie 🧟
Après une belle montée au Col du Taibit qui marque la transition entre Cilaos et Mafate (aidé par la tisane ascenseur 😅👌🏻), on plonge dans notre deuxième nuit en enfer!
Mafate, le paradis de la randonnée et des marches, il y en a pour tout les goûts, des petites, des grandes, taillées dans la roche ou matérialisées par des planches, elles effectuent se petit travaille de sape en laminant les quadriceps à la descente et en étirant les mollets à la montée, il n’a à jamais de répit!
Cette nuit fut très longue, de 18h à 5h30 du matin, propice aux premières interrogations sur le « qu’est ce que je fous là!! » et les premiers pépins physiques! Xavier subit le rappel à lui d’une entorse rencontrée il y’a quelques mois, ce qui le mène à vouloir abandonner au cœur de Mafate, à Grand Place… on y fait tous les quatre une sieste chronométrée de vingt minutes et après avoir essayé de convaincre Xavier de continuer en vain, on repart à trois en direction de Roche Plate, grosse descente interminable, et une montée en deux temps bien physique! Lorsque nous arrivons au sommet, le jour se lève avec les premières lueurs et nous découvrons alors un paysage grandiose propice à faire une photo carte postale !
La magie opère et alors que nous repartons, qui voyons nous revenir, notre Xavier qui a trouvé la force et le courage de repartir, heureusement il ne connaissais pas encore tout ce qui nous attendait!
A commencer par l’interminable descente vers Deux Bras, la deuxième base de vie tant attendue par nous 4 😅
On n’en voit pas le bout, la fatigue mentale et musculaire continue de faire son travail!
Chacun gère ses douleurs comme il peut, crémage à la NOK régulièrement pour Stéph, bande anti frottement pour moi, quelques exercices d’étirements aussi pour détendre le dos qui subit énormément avec le sac à dos bien chargé!
La chute, vu la complexité du parcours et la topologie du terrain, on y pense tout le temps et on se demande même comment on fait pour pas se retrouver par terre à tout bout de champ! Cette fois, pas de rattrapage in extremis, j’entends un dérapage derrière moi et le temps de me retourner, je trouve Jean-Pierre a plat ventre, face contre terre, je croins le pire, plein de cailloux tout autour, mais ouf de soulagement quand il arrive à reprendre ses esprits rapidement et à faire un auto-check de l’épaule, poignets, genoux…plus de peur que de mal, de belles éraflures y compris au visage qui est venu caresser Mafate mais l’aventure ne s’arrêtera pas ici pour JP, ouf!
La base de vie de Deux Bras bien qu’attendue est arrivée à point nommé pour chacun, on a refait le triptyque podologie, massage, repas, avant de repartir pour la dernière partie de la course, et, bien qu’avec un profil paraissant moins chahuté que ce que l’on vient de réaliser, cette partie est toute aussi compliqué à gérer, la fatigue aidant…
Et pour commencer, il a fallu se taper la montée vers Dos D’âne qui signe la sortie du cirque de Mafate, une vraie vacherie bien raide et physique avec régulièrement une ligne de vie pour s’aider et se « sécuriser »
Puis on attaque la redescente en direction de la côte, à la Possession, en passant par chemin Ratineau et Kala, ça aurait été gâché que de ne pas les mettre au menu du jour! 🤣
Des sentiers où globalement tu t’accroches aux arbres pour ne pas te vautrer et encore, là c’était presque praticable car le terrain était globalement sec.
Nous progressons maintenant la plupart du temps en marchant, car tout devient sensible physiquement et il faut gérer tout les paramètres pour durer dans le temps.
En arrivant sur la Possession, la famille est là et ça nous file un bon coup de booste, on sait que maintenant, il faut aller au bout, pas d’autres alternatives 😅
Le Chemin des Anglais, aux pavés toujours aussi bien « rangés » nous envoi valser à tout bout de champs, impossible de trouver une cadence régulière.
Puis vient la dernière montée vers Colorado, 9km de montée dont 4km sur une deuxième portion de chemin des Anglais bien défoncée et raide! J’avais souvenir que c’était plus rapide, que nenni!
Heureusement Steph met un peu de musique pour passer le temps!👍🏻
A partir de là, j’ai commencé à trouver le temps long et petit à petit je me suis enfermé dans une bulle, à regarder 1 mètre devant moi, en avançant petit pas après petit pas, et en arrivant dans les chemins très étroits en forme de goulet juste avant le Colorado, là où j’annonçais « pierre », « racine », « encore racine », « pierre », « pierre », ça m’a peut être fait une séance d’auto-hypnose et je suis sorti de mon corps!!! 🤣
En fait j’avais l’impression d’être dans un rêve ou plutôt un cauchemar, de voir mon corps faire des choses, mais de pas avoir d’emprise dessus. Je me disais, allez on arrête, je me réveille, fini les conneries, on change de rêve mais il ne se passait rien… et j’étais emprisonné dans ce sentier qui ne se terminait pas, à chaque virage, j’avais l’impression de revoir la même chose, de tourner en boucle! Je voulais forcer mon rêve à créer des images mais ça marchait pas mieux! Je réalisais de temps en temps en prenant une pierre dans le pied ou une gorgée d’eau que je ressentais vraiment les choses, que j’étais bel et bien dans cette course de Fous dont je n’arrivais pas à m’en sortir.
On a fini par arriver au ravito du Colorado, je ne savais pas quoi faire, manger, boire… plus vraiment d’envie mais surtout une fatigue extrême, j’aurais été capable de dormir n’importe où je pense, la preuve je me suis posé 15min chrono sous une tente à côté d’un groupe électrogène qu’on entendait certainement à 3km à la ronde et je suis tombé dans un sommeil profond illico presto. Mes compères en ont fait pareil, on était tous plus ou moins dans le même état de fatigue avancée, Steph peut être un peu plus lucide et cohérent dans ce qu’il disait.
La Redoute, panneau de randonnée indiquant 1h45 de descente, ça me parait une éternité, et malgré la petite sieste, je reviens vite dans ma léthargie hallucinogène, suivant un couple qui descend tranquillement et ça me convient parfaitement. Au milieu de la descente, ma lampe se met en mode économie et je mets encore un moment avant de choisir de changer la batterie, pensant une nouvelle fois que ce rêve allait s’arrêter…
Enfin le tunnel signifiant la fin de la descente, la famille nous attendait depuis loooooongtemps, désolé pour ça mais c’était tellement cool de vous voir sur le parcours et a l’arrivée 😘
On passe finalement la ligne en 52h et des brouettes mais là n’était pas l’objectif contrairement à ce moment de course partagée tous les 4 qui nous restera gravé à jamais!
Merci les copains pour cette belle aventure, ravi d’avoir partagé cette diagonale avec vous! vous pouvez être fier d’avoir surmonté ce challenge avec brio! Et en prime, j’ai découvert de nouvelles sensations propre au monde de l’ultra distance! 🤣
Les premiers 40km qui nous mènent jusqu’à la plaine des Caffres se passent très bien dans cette nuit à la chaleur tropicale dès le départ pour trouver ensuite un peu plus de fraîcheur en montant. Nous passons les bouchons « classique » du début de parcours, au dessus de Domaine Vidot, dans la bonne ambiance du peloton et des blagues potaches des réunionnais qui nous entourent!
C’est en s’élançant sur le sentier de Mare à bout que les choses sérieuses commencent et que les chemins deviennent de plus en plus exigeants physiquement!
Cailloux, racines, marches, échelles, sol humide par endroit, tout y est pour passer un « agréable » moment! 😅
La descente qui s’ensuit dans le Cirque de Cilaos depuis Coteau Kerveguen vers le Bloc est le premier test psychologique pour chercher les failles dans notre résistance mentale à subir les choses, les impacts et le chaos du sentier!
La première base de vie à Cilaos est toujours agréable pour faire le bilan des 72 premiers km, douche, podologie, massage, repas, famille et ça repart presque à neuf! 😅
Le groupe va bien et nous avançons prudemment.
Hormis pour moi, les trois autres font leur première diagonale, et à Cilaos, commencent à prendre la mesure de ce qui va nous attendre jusqu’à l’arrivée!
En effet, on peut diviser le parcours en 4 parties: départ jusqu’à Mare à boue pour la partie facile, le cirque de Cilaos pour rentrer dans le vif du sujet, Mafate pour te briser en quatre et enfin le retour sur la cote pour finir en mode zombie 🧟
Après une belle montée au Col du Taibit qui marque la transition entre Cilaos et Mafate (aidé par la tisane ascenseur 😅👌🏻), on plonge dans notre deuxième nuit en enfer!
Mafate, le paradis de la randonnée et des marches, il y en a pour tout les goûts, des petites, des grandes, taillées dans la roche ou matérialisées par des planches, elles effectuent se petit travaille de sape en laminant les quadriceps à la descente et en étirant les mollets à la montée, il n’a à jamais de répit!
Cette nuit fut très longue, de 18h à 5h30 du matin, propice aux premières interrogations sur le « qu’est ce que je fous là!! » et les premiers pépins physiques! Xavier subit le rappel à lui d’une entorse rencontrée il y’a quelques mois, ce qui le mène à vouloir abandonner au cœur de Mafate, à Grand Place… on y fait tous les quatre une sieste chronométrée de vingt minutes et après avoir essayé de convaincre Xavier de continuer en vain, on repart à trois en direction de Roche Plate, grosse descente interminable, et une montée en deux temps bien physique! Lorsque nous arrivons au sommet, le jour se lève avec les premières lueurs et nous découvrons alors un paysage grandiose propice à faire une photo carte postale !
La magie opère et alors que nous repartons, qui voyons nous revenir, notre Xavier qui a trouvé la force et le courage de repartir, heureusement il ne connaissais pas encore tout ce qui nous attendait!
A commencer par l’interminable descente vers Deux Bras, la deuxième base de vie tant attendue par nous 4 😅
On n’en voit pas le bout, la fatigue mentale et musculaire continue de faire son travail!
Chacun gère ses douleurs comme il peut, crémage à la NOK régulièrement pour Stéph, bande anti frottement pour moi, quelques exercices d’étirements aussi pour détendre le dos qui subit énormément avec le sac à dos bien chargé!
La chute, vu la complexité du parcours et la topologie du terrain, on y pense tout le temps et on se demande même comment on fait pour pas se retrouver par terre à tout bout de champ! Cette fois, pas de rattrapage in extremis, j’entends un dérapage derrière moi et le temps de me retourner, je trouve Jean-Pierre a plat ventre, face contre terre, je croins le pire, plein de cailloux tout autour, mais ouf de soulagement quand il arrive à reprendre ses esprits rapidement et à faire un auto-check de l’épaule, poignets, genoux…plus de peur que de mal, de belles éraflures y compris au visage qui est venu caresser Mafate mais l’aventure ne s’arrêtera pas ici pour JP, ouf!
La base de vie de Deux Bras bien qu’attendue est arrivée à point nommé pour chacun, on a refait le triptyque podologie, massage, repas, avant de repartir pour la dernière partie de la course, et, bien qu’avec un profil paraissant moins chahuté que ce que l’on vient de réaliser, cette partie est toute aussi compliqué à gérer, la fatigue aidant…
Et pour commencer, il a fallu se taper la montée vers Dos D’âne qui signe la sortie du cirque de Mafate, une vraie vacherie bien raide et physique avec régulièrement une ligne de vie pour s’aider et se « sécuriser »
Puis on attaque la redescente en direction de la côte, à la Possession, en passant par chemin Ratineau et Kala, ça aurait été gâché que de ne pas les mettre au menu du jour! 🤣
Des sentiers où globalement tu t’accroches aux arbres pour ne pas te vautrer et encore, là c’était presque praticable car le terrain était globalement sec.
Nous progressons maintenant la plupart du temps en marchant, car tout devient sensible physiquement et il faut gérer tout les paramètres pour durer dans le temps.
En arrivant sur la Possession, la famille est là et ça nous file un bon coup de booste, on sait que maintenant, il faut aller au bout, pas d’autres alternatives 😅
Le Chemin des Anglais, aux pavés toujours aussi bien « rangés » nous envoi valser à tout bout de champs, impossible de trouver une cadence régulière.
Puis vient la dernière montée vers Colorado, 9km de montée dont 4km sur une deuxième portion de chemin des Anglais bien défoncée et raide! J’avais souvenir que c’était plus rapide, que nenni!
Heureusement Steph met un peu de musique pour passer le temps!👍🏻
A partir de là, j’ai commencé à trouver le temps long et petit à petit je me suis enfermé dans une bulle, à regarder 1 mètre devant moi, en avançant petit pas après petit pas, et en arrivant dans les chemins très étroits en forme de goulet juste avant le Colorado, là où j’annonçais « pierre », « racine », « encore racine », « pierre », « pierre », ça m’a peut être fait une séance d’auto-hypnose et je suis sorti de mon corps!!! 🤣
En fait j’avais l’impression d’être dans un rêve ou plutôt un cauchemar, de voir mon corps faire des choses, mais de pas avoir d’emprise dessus. Je me disais, allez on arrête, je me réveille, fini les conneries, on change de rêve mais il ne se passait rien… et j’étais emprisonné dans ce sentier qui ne se terminait pas, à chaque virage, j’avais l’impression de revoir la même chose, de tourner en boucle! Je voulais forcer mon rêve à créer des images mais ça marchait pas mieux! Je réalisais de temps en temps en prenant une pierre dans le pied ou une gorgée d’eau que je ressentais vraiment les choses, que j’étais bel et bien dans cette course de Fous dont je n’arrivais pas à m’en sortir.
On a fini par arriver au ravito du Colorado, je ne savais pas quoi faire, manger, boire… plus vraiment d’envie mais surtout une fatigue extrême, j’aurais été capable de dormir n’importe où je pense, la preuve je me suis posé 15min chrono sous une tente à côté d’un groupe électrogène qu’on entendait certainement à 3km à la ronde et je suis tombé dans un sommeil profond illico presto. Mes compères en ont fait pareil, on était tous plus ou moins dans le même état de fatigue avancée, Steph peut être un peu plus lucide et cohérent dans ce qu’il disait.
La Redoute, panneau de randonnée indiquant 1h45 de descente, ça me parait une éternité, et malgré la petite sieste, je reviens vite dans ma léthargie hallucinogène, suivant un couple qui descend tranquillement et ça me convient parfaitement. Au milieu de la descente, ma lampe se met en mode économie et je mets encore un moment avant de choisir de changer la batterie, pensant une nouvelle fois que ce rêve allait s’arrêter…
Enfin le tunnel signifiant la fin de la descente, la famille nous attendait depuis loooooongtemps, désolé pour ça mais c’était tellement cool de vous voir sur le parcours et a l’arrivée 😘
On passe finalement la ligne en 52h et des brouettes mais là n’était pas l’objectif contrairement à ce moment de course partagée tous les 4 qui nous restera gravé à jamais!
Merci les copains pour cette belle aventure, ravi d’avoir partagé cette diagonale avec vous! vous pouvez être fier d’avoir surmonté ce challenge avec brio! Et en prime, j’ai découvert de nouvelles sensations propre au monde de l’ultra distance! 🤣
J’espère avoir fait de belles images même si à la fin, j’ai été moins actif en cameraman, et a l’arrivée j’ai eu l’impression de tout foiré car ça va trop vite quand ta tête fonctionne au ralenti, je n’étais plus lucide pour faire « la » bonne image, on verra! 😁
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