27/04/2013 - L'Ardéchois

6 mois que je rabâchais à mes collègues que la météo que l’on avait eu en 2012 n’était qu’un accident, cette année je leur promettais un beau soleil pour notre retour sur l’Ardéchois.

Manque de bol, je me suis bien loupé ! Après quelques jours où l’on pensait que le printemps s’installait pour de bon, c’était sans compter sur une dépression qui allait arriver pile le jour de la course.

On arrive donc le jeudi soir chez mes parents, il fait encore 20°C à minuit, c’est l’été ! Le vendredi après-midi, direction Desaignes pour aller récupérer nos dossards, le temps commence à changer mais il fait encore 17°C. Il y a déjà pas mal de monde dans ce joli petit village et je retrouve Bruno avec qui j’avais participé à la 6000D l’été dernier, toujours sympa de se remémorer les bons souvenirs !

Après avoir flâner un peu sur le stand Salomon, (et acheter une poche à eau pour J-Pierre qui a oublié la sienne !) on rentre à la maison se préparer pour cette journée qui s’annonce « humide »

Samedi, 6h du matin, il pleut ! Zut, ils ne se sont pas trompé chez météo France, j’espérais encore un miracle… 6h40, on part, une bonne heure de route pour rejoindre Desaignes, avec tout plein de virage pour aider la digestion !

7h40, on est arrivé, il fait 7°C et on s’active aux derniers préparatifs, pour ma part, ce sera short pour le bas, 1ére couche + tee-shirt + manchette + veste de pluie pour le haut, buff pour la tête et guêtre pour les pieds, sans oublier les gants de soie pour les mains. Pas de GoPro cette fois ci, j’ai pour objectif d’essayer de bien courir, et vue les conditions, pas le temps de faire du tourisme.

7h55, la pression monte, on se présente sur la ligne de départ, à côté des élites, certains me paraissent bien peu couvert alors qu’il pleut toujours…

8h00, la meute est lâché, 1400 coureurs inscrits en théorie, mais sans doute moins de courageux au final. On retrouve tous les coureurs inscrits sur le 34km ou 57km puisque le choix est laissé à chacun de bifurquer au 30éme km pour rentrer plus tôt, et je crois qu’aujourd’hui, pour certains le choix sera vite fait ! J-Pierre et moi, on n’a pas le droit à cette alternative, il faut que l’on termine sous peine de se faire pourrir par nos collègues comme l’année dernière où on s’était un peu trop écouter pour finalement écourter sur le 34km !

Un petit tour de village et on attaque l’échauffement musculaire par 6km de montée, je ne suis pas trop mal placé mais le rythme est déjà bien soutenue pour les premiers qui se détachent rapidement. A vouloir suivre un peu, je me suis mis dans le rouge et j’accuse un peu le coup après cette première montée. Je me refais un peu dans la courte descente qui suit et décide de poursuivre sur une allure plus raisonnable, à commencer par relacer mes chaussures, celles ci tentaient de se faire la malle dans les passages boueux. La première féminine me passe à ce moment là.

Encore 4km pour rejoindre les Citadelles où l’on passe à côté des éoliennes marquant le point culminant de cette première partie de parcours. La neige fondue puis de beaux flocons font leur apparition, sympa, ça blanchit un peu les pins ! 

La température a aussi baissée, j’ai les jambes bien rouges…presque autant que ma veste !!

On bascule sur le plateau ardéchois, visibilité nulle, dommage pour le panorama, on repassera…Le peloton s’est bien étiolé, chacun à pris son rythme. Certains dévalent les descentes bien vite alors que les appuis sont précaires, ce n’est pas le moment de se faire une cheville, je préfère être un peu plus sur la défensive quitte à faire travailler un peu plus les cuisses.

Je me vrille d’ailleurs un peu le pied dans le petit single nous amenant aux ruines de Rochebonnes, ce qui m’agace sur le moment car la moindre petite faute d’inattention peut être rapidement fatale, je ralentis encore un peu...

Le passage des ruines est toujours aussi sympa malgré le fait que le point de vue vers la vallée est bouché. Les roches sont bien glissantes et il faut rester vigilant, je laisse passer 3 gars qui ont pas la même appréhension que moi…

J’arrive à la cascade, gros point noir de l’année dernière, et une belle passerelle a fait son apparition, c’est bien plus confortable que les pieds dans l’eau et on passe surtout bien plus vite.

Encore une belle montée pour rejoindre le premier ravitaillement du parcours à St Jean de Rourre au 22^ème km, Mo est là et m’encourage, j’en ai bien besoin à ce moment là car je n’ai pas de bonnes sensations, les jambes dures, limite crampées, un état un peu similaire au « mur » du marathon, certainement le froid et l’humidité.

Je m’alimente et bois un verre de coca puis repars sans m’attarder, les frissons ne sont pas loins. Les premiers sont passés déjà depuis une quinzaine de minutes mais je ne suis de toute façon plus dans la course, je suis maintenant dans ma course !

Je sais que cela va être long et difficile et ce qui m’importe plus que mon chrono ou ma place, c’est de travailler le mental et la gestion de l’effort en prévision de mes 2 gros objectifs de l’année.

Le parcours est assez roulant pour revenir aux Citadelles mais j’ai toujours ces mauvaises sensations, limite un peu mal au bide et les jambes en carafe. Autant sur le plat, je maintiens les écarts avec mes poursuivants, autant dans les descentes, je me fais déposer !!  Impossible d’arriver à me relacher, trop de crispations !

La bifurcation avec le circuit de 34km arrive, j’ai 33km au GPS !, le parcours fera plutôt 37km au final selon certains. Cette année, je ne me pose pas de questions et plonge direct dans la descente à gauche pour continuer sur le 57km, d’autant plus qu’un sentiment d’euphorie physique fait son apparition, je suis bien tout simplement, plus de petites alertes qui viennent perturber la foulée, tout roule enfin tout est relatif ! Je vous rassure j’ai quand même des douleurs…

Cette descente est longue, très longue avec à un moment, un passage très pentu tout en glisse sur 200m. De la bouillasse bien liquide sans adhérence, je m’agrippe aux branches comme je peux mais cela ne suffit pas et je fais un beau petit plat du dos. La crispation toujours présente me vaut une mémorable crampe, je marmonne tout seul et me relève aussi vite que je suis tombé.

Après être enfin arrivé dans le bas de cette descente, traversé une prairie et encore une belle passerelle, une petite côte nous amène au deuxiéme ravito. Les bénévoles ont l’air gelés !! 2/3 mots échangés et je repars aussi sec comme le saucisson que j’emmène et que je mange accompagné d’un bon petit bout de fromage d’Ardèche, trop bon !

Par contre la solitude me pèse, déjà 10 bon km, depuis la bifurcation que je ne vois plus un coureur, une âme qui vive dans les petits bourgs traversés…je pense que beaucoup vont avoir pris l’alternative du raccourci…

Jusqu’à Labatie d’Andaure, au km45, où l’on trouve le 3éme ravitaillement, le parcours est relativement tranquille, pas très haut en altitude, la pluie tombe toujours…

Au ravitaillement, un bénévole me dit qu’il ne me reste plus qu’une côte, mais c’est la plus dure !! Rassurant ! Alors que j’avais déjà pris de bons taquets en venant jusque-là ! Il me sert une excellente soupe de vermicelle, la meilleure que j’ai pu avoir en course, sans rire ! Ça me fait un bien fou et je me sens revigoré à l’attaque de ce dernier gros morceau.

Et ça commence fort avec des pentes assez raide dans les bois, je rattrape un concurrent du 98km, j’ose à peine imaginer cette folie de courir 100 bornes dans ces conditions-là. Le dénivelé important me fait vite retrouver la neige qui tombe de plus en plus abondamment, les pins croulent sous son poids et m’oblige à me courber pour passer sous les branches. 

Ça n’a l’air de rien comme ça mais c’est vite éprouvant car les lombaires sont déjà très sollicitées par le poids du sac. Après une heure de marche, j’arrive enfin à ce moment dont j’ai souvent entendu parlé et vu au travers de photos : les vestiges de Rochebloine et sa montée très sèche d’environ 500m à travers les genêts. 

C’est un sacré mauvais moment à passer, le site est complètement à découvert, le vent cingle le visage de flocons de neige, et il faut tracer son chemin dans les genêts qui fouettent et déchirent mes cuisses tannées par le froid, je me hisse au sommet en m’encourageant tout seul ! « Allez Bruno, craque pas, tu peux le faire », j’en ai presque les larmes aux yeux ! On est vraiment débile de se mettre dans des états pareils !

Le panorama est paraît-il magnifique, mais là, on est plus dans un paysage de sport d’hiver avec 300m de visibilité, je ne m’attarde pas et continue mon chemin de croix. Je sais maintenant que le plus dure est passé, j’ai hâte maintenant de redescendre un peu en altitude, mes gants trempés font que je commence à ne plus sentir mes index et la matière de ma veste se transforme en carton, la température a vraiment dû chuter ! L’épaisseur de neige est de plus en plus importante recouvrant maintenant les routes, il y a un bon 10cm par endroit, hallucinant pour un 27 Avril !

Passage du village de Nozières dont je reconnais les routes empruntées lors de la cyclosportive l’Ardéchoise. Un balisage à l’année indique Desaignes : 7,5km, ça sent bon la fin. Poutant 1 km plus loin je me retrouve à une fourche, plus rien à part ce balisage permanent : un poteau indiquant toujours Desaignes à gauche, je m’engage timidement et vois finalement sur l’autre chemin, plus loin une rubalise rouge qui flotte, demi-tour et j’embraye sur cette nouvelle direction, avec le sentiment étrange quand même de partir un peu à l’opposé de la direction de Desaignes, le doute s’installe, est ce que je ne suis pas en sens inverse du parcours de 98km ! Non, je ne pense pas finalement car je retrouve des traces de pas dans la neige allant dans la même direction que moi, ouf !

La descente final démarre enfin et hop je me retrouve une nouvelle fois à plat dos dans la neige, rien vu venir !! Marre! Ca y est le village d’arrivée est enfin en ligne de mire, les derniers lacets dans la vigne et j’atterris sur le chemin en terre qui domine Desaignes, je commence à savourer le moment présent lorsque tout à coup, je vois arriver dans mon dos un coureur…25km que je suis seul et là à moins de 1km de l’arrivée, je risque de me faire doubler !! Négatif ! Les derniers escaliers pour débouler sur la route et j’attaque un sprint de 500m sans me retourner pour finir cette Ardéchois 2013 en boulet de canon ! J’ai encore un reste de fierté dans les runnings ! Le concurrent terminera 1mn derrière, il devait être rinçé finalement…

Pour ma part, je termine lucide mais musculairement bien cassé par le froid, l’humidité et le dénivelé.

Résultat : 57km et 2650m de D+ effectué en 6h33’ pour une 27éme place au scratch, pas trop mécontent le gus!

Seulement 350 arrivants sur ce parcours, dont mes collègues JPierre et Romain transis de froid à l’arrivée mais ravis tout comme moi d’avoir surmonté cette épreuve !

Le traditionnel boeuf à la broche nous attendais pour ce refaire un peu la cerise...

Place à la récup maintenant, en espérant avoir le soleil pour la prochaine étape de ma saison : Le trail des Cerfs le 26 Mai… 

Trail Ardéchois 2013

La vidéo de la course: