71km et 3200m de D+, voici le menu pour cette épreuve qui étrenne cette année un nouveau circuit après s’être déplacé de Nant à Millau. De l’avis de tout les spécialistes, ce circuit sera difficile, exigeant, rustique, du pure trail !!
La pression montait depuis quelques jours, je ne savais pas trop où j’allais, si je m’étais suffisamment préparé physiquement et psychologiquement. Un petit état fébrile en début de semaine et la pénurie de carburant ne faisait qu’aggraver cet état de stress. C’était mon premier vrai grand trail et il n’était pas question de rater ce rendez vous.
Après une nuit passée sur Issoire, nous arrivons le Samedi Après midi à la ganterie Causse, lieu choisi pour toute l’infrastructure du Festival des Templiers, le salon, la remise des dossards, les zones de départ et d’arrivée, plus de 7000 personnes sont attendues sur le week-end avec plusieurs courses au programme. 2850 coureurs pour la course phare : le 70km. Il fait doux et beau, malheureusement une dégradation pluvieuse est annoncée pour le lendemain, ce qui me fait chercher une veste imperméable en urgence. Le poncho « de secours » trouvé sur le stand Raidlight fera l’affaire.
Une fois mon dossard récupéré, nous filons vers notre gîte de Rivière sur Tarn en passant par le plateau des Causses, histoire de profiter de cette « dernière » belle journée. Nous nous arrêtons au Puncho d’Agast, site dominant Millau d’où s’élancent les parapentes, impressionnant !! Il y a du balisage au sol, la course passera par là…nous continuons notre route traversant cette zone très sauvage, au milieu d’une végétation très dense, pas âmes qui vivent pendant plusieurs kms, le contraste entre la terre rouge et les herbes « folles » jaune paille est magnifique.
Nous arrivons à notre gîte au pied du château de Peyrelade.
Il n’y a que des coureurs comme je suppose dans la plupart des hôtels et gîtes de la région. Nous prenons le repas du soir tous ensemble, bonne ambiance, nos hôtes sont très prévenant. Un jeune couple a couru en début d’après midi le marathon des causses, 40km avec plus de 2000 de D+, ils nous racontent un peu leur course, bien technique comme prévu !
Il y a aussi un groupe venant du Doubs, un des coureurs est habillé de la tête au pied en Salomon, sponsorisé apparemment !! J’apprends qu’il a le dossard 13, comme sa place l’an passé, un bon quoi (il a aussi gagné le trail du Sancy 2009)!! D’ailleurs j’en profite pour leur demander un covoiturage pour éviter à Virginie de se lever à 4h !!
Je regarde une dernière fois la météo pour le lendemain, histoire de me stresser et de rager un peu plus à la vue de la belle journée qu’on vient d’avoir. 1,5mm de précipitations prévues à 5h du mat, 0,5 à 1 mm jusqu'à midi et plus de 4mm après 15h !! Ça sent la grosse galère !!
4h15, le réveil sonne, j’ai l’impression d’avoir dormi 2h ! Un peu de Gatosport que j’ai raté car pas assez cuit, du thé et hop je prends place dans le van de mes gentils co-voitureurs du Doubs. Il est 5h15 et comme prévue la pluie s’écrase sur le pare brise alors qu’on roule vers Millau, ça donne franchement pas envie ! Heureusement, la température reste assez douce, 6-7°C.
Après avoir longuement cogité la veille, j’ai décidé de rester sur du court en bas avec un short, tee-shirt et manchette en haut avec ma veste coupe vent et mon « poncho » au cas où !
La pluie a laissée place à de la bruine alors qu’on se gare à proximité du Tarn et du départ. Je me noie dans le cortège de coureur se dirigeant vers l’arche de départ, et je suis étonnée de voir autant de monde, d’accompagnateurs à cette heure aussi matinale. A 5h45, dans le sas, j’arrive à me placer en deuxième ou troisième ligne, juste derrière le sas des prioritaires, les « élites » et là y’a du beau monde, quasiment tout les meilleurs traileurs français. Derrière moi, ça s’agglutine, je suis arrivée au bon moment !! Je décide d’enlever mon coupe vent car la bruine à cesser et de faire quelques étirements pour avoir bonne conscience. 6h10, le départ se rapproche et une bruine plus lourde se remet à tomber alors qu’on écoute chacun des favoris faire ses petits commentaires au micro. J’hésite à repasser mon coupe vent, autour de moi ça ne bronche pas, certains sont manche courte, d’autres en manchette comme moi et les plus pessimistes en veste Gore Tex, personne n’a l’air de se soucier du temps. 6h12, je demande à mon voisin ce qu’il en pense, il me dit qu’un de ses collègues venant de Rodez a eu des torrents de flotte et que ça pourrait bien arriver jusqu’ici !!! Super, là je suis rassuré !! 6h14, tant pis, je pars comme ça et on avisera plus loin.
6h15, on y est enfin, tout le monde a hâte de partir, le speaker lance : « musique maestro », et la musique d’ERA démarre en même temps que des fumigènes rouges sont allumés, une petite montée d’adrénaline, et hop c’est parti !! C’est énorme, y’a une foule impressionnante dans les rues de Millau, ça part relativement vite, certains partent au sprint de peur de louper le bon coup peut être, ça bouscule un peu…Moi je prends de suite un rythme assez tranquille et profites de cette ambiance de folie.
Alors que l’on commence à monter par la route du Puncho d’Agast, je me retourne pour voir l’énorme peloton qui serpente sur plusieurs centaines de mètres déjà. Un peu plus d’un kilomètre effectué, et la pente est déjà assez raide, ça souffle pas mal autour de moi, certains enlèvent déjà leur veste, c’est clair il fait super doux, je pense avoir fait le bon choix. On domine Millau, de nuit, c’est joli ! , on voit aussi le cortège de voitures qui part en direction de Peyreleau, 1er ravitaillement. Après 2km, on attaque enfin les premiers sentiers à travers champs, la tête de course est déjà loin en contre bas, c’est parti vite malgré ce qui nous attends. Pour ma part, j’avance gentiment à 11,8km/h de moyenne, je me dis que c’est déjà une bonne allure.
Après une nouvelle portion de bitume, on arrive au premier village, Carbassas, 8km de parcourus et les choses sérieuses commencent, on rentre sur un sentier, 3m de large et hyper raide, l’allure chute brusquement, la pente nous obligeant à marcher même si quelque uns tentent encore de passer en force, ils sont vite rappeler à l’ordre ! La respiration est de plus en plus haletante et je courbe l’échine tellement c’est raide et ça n’en finit pas, je préfère regarder par terre que vers le haut, ça tire trop dans le cou !!!
Devant |
Derrière |
Le jour se lève au fil des kilomètres sur ce plateau, et là surprise, le ciel s’éclaircit, la chance est avec nous, pour une fois je suis content que les prévisions météo soient parfois mauvaises. Après une bonne douzaine de kms à cavaler à bonne allure, on attaque la descente sur Peyreleau pour le 1er ravitaillement et quelle descente, tout en single track, de la bonne pente, des virages, des pierriers, du technique quoi et au début je suis carrément sur la retenue, les coureurs me doublent à tout va. Vers la fin, j’arrive enfin à me lâcher et là c’est le pied, tout en glisse avec ces petites pierres qui roulent sous les semelles, j’ai l’impression de dévaler une piste de ski, vivement la prochaine !
Après 2h09’ de course, me voici à Peyreleau, 23éme km où je passe en 125éme position. Pas de réappro. en eau, simplement un peu de sucré et du fromage puis je repart en même temps que Virginie Govignon du team Lafuma, elle va bien sur le plat mais dès que ça monte elle est sur la réserve, j’aurais peut être dû faire de même. On remonte une nouvelle fois sur les hauteurs, les chemins sont toujours aussi escarpés et on alterne toujours entre monotraces et chemins à travers pins et bloc rocheux, les paysages sont magnifiques.
Les kms défilent rapidement jusqu'à St André de Vézines au Km 37,5. Déjà 3h26’ de course, je passe en 108éme position et les jambes commencent maintenant à tirailler un peu beaucoup !!
Je décide de prendre plus de temps cette fois ci en prenant une super bonne soupe et en grignotant un peu, je remplis mon camel-back, passe un coup de fil à Virginie, discute avec les gentils bénévoles et me fait prendre en photo avec mon télephone.
Je commence à me dire en voyant pas mal de gars s’arrêter à peine qu’ils risquent de le payer dans quelques temps, en tout cas je l’espère car une bonne quarantaine de coureurs ont du me passer !!
Je repars en marchant tout en installant mon MP3, et oui je l’avais pas encore utilisé, c’est bien la première fois que ça m’arrive de courir aussi longtemps sans musique !! Je mets Play et d’un coup ça me relance dans la course, je me sens des jambes du tonnerre, le mélange soupe/musique est tonitruant, s’ensuit alors une poursuite énorme où j’avale les coureurs uns à uns. Le terrain est alors super, du monotrace en descente légère sur de la terre meuble pour nous amener à Montméjean.
On se retrouve ensuite dans le fond d’une gorge à sec où il faut serpenter entre les rochers, les escalader, les descendre, du changement de rythme incessant, surtout que le chemin n’est pas large pour doubler et il faut parfois attendre tranquillement que le gars se « range » pour passer. On longe d’un coup la carcasse d’une vieille bagnole ressemblant à une traction, il doit y avoir quelques décennies qu’elle est tombé là !!
Encore une énième descente ultra technique, à travers le buis et les pierriers, la confiance s’installe de plus en plus et je m’éclate littéralement, c’est du pur plaisir, je dépose les gars que je rattrape, c’est presque indolore !!
J’arrive à la Roque St Marguerite au 47éme km en 4h44’ à la 126éme place (et oui j’avais vraiment passé trop de temps au ravito précédent !!)
Je reprends une soupe, j’ai décidé que se serait mon carburant, en plus elle est excellente. Un bénévole nous dit qu’à partir de maintenant, c’est une nouvelle course qui commence, que les vraies difficultés sont à venir…Chouette, ça me rassure!!
Je ne m’éternise pas trop cette fois et repart sur un bon rythme, physiquement tout va bien ou pas trop mal, les cuisses commencent à tirer, chose normale mais du côté des pieds, c’est nickel, pas d’ampoule !!
Le parcours après la Roque |
Après s’être à nouveau retrouvé dans le fond de la vallée, on attaque « The » bosse du parcours, de loin la plus dure à mon sens, une pente monstrueuse, interminable, des paliers de 40-50cm à monter par moment. Il faut se hisser voire se tracter avec les troncs des arbres pour s’aider à avancer, c’est de la folie.
Certains s’arrêtent par moment pour souffler un peu, j’en ferais bien autant mais je préfère ne pas répondre à cette envie. Clac, ce n’est pas mon tendon d’Achille mais l’élastique de mes mini-guêtres Raidlight qui vient de se prendre dans une racine. Fais c…. !
Après bien ¾ d’heure de grimpette, je me hisse enfin au sommet au milieu d’un décor incroyable, le chaos de Montpellier le vieux, des roches dressées vers le ciel et usées par le temps, c’est assez insolite !!
La reprise de la course est difficile après autant d’intensité, il me faut 2-3km pour retrouver les sensations, mais apparemment je ne suis pas le seul et je sens de la lassitude dans les concurrents que je reprends. Cette portion de 5km de « plat » demande de la relance et arrivé à Longuiers au 55éme km, c’est un peu difficile !
Après la bosse la plus dure, place à son homologue en négatif ! Une descente de tueur pour rejoindre Massebiau, les organisateurs l’ont taillée par moment dans le buis directement, pas de zigzag, c’est tout droit, en même temps on est plus vite en bas de cette façon !!
Massebiau, 64éme km et dernier ravitaillement. Déjà 7h16’ de course et il m’aura fallu 2h32’ pour faire les 17 derniers km à la moyenne impressionnante de 6,7km/h !! Pas de doute, c’était bien la partie la plus dure ! J’ai tout de même fait une belle remontée au classement puisque je pointe à la 88éme place maintenant.
Malheureusement, après bien 4 heures d’accalmie, la pluie arrive comme prévue et cette fois ce n’est plus de la bruine, on ne rentrera pas sec, dommage ! J’enfile mon coupe vent, avale ma soupe, échange 2 mots avec les bénévoles, il reste 7km et la difficile montée du rocher troué qui nous amèneras au Puncho d’Agast, Virginie m’y attend déjà, elle y est monté à VTT par les 9kms de lacets bien raide, bel effort et récompensé par un déluge au sommet.
Les derniers km depuis Massebiau vers la gauche |
Dans les premières pentes, je ressens un gros coup de moins bien, les jambes n’en veulent plus tout comme la tête. Je marche quasiment sur les 4kms de cette ascension, laissant passer bon nombre de gars que j’avais doublé auparavant, chacun son tour !! Un collègue d’infortune s’est joint à moi et on essaie de se motiver comme on peut…Il me fait la conversation et moi je gère le tempo devant (environ 4km/h !!)
Enfin en haut, le ciel est bouché, Millau est invisible, rien à voir avec la belle vue de la veille.
Virginie est là, rincée malgré le K-Way, je profite du reste de son sandwich bien sympathique, ça change des gels hyper sucré !
Je me lance en avant et me retrouve après quelques glissades plus ou moins contrôlées couché sur le dos, je me relève et tente une technique beaucoup plus sûre, la descente en rappel comme en escalade !! C’est de la folie pure cette course !!
Dernier passage assez ludique, la grotte du Hibou que l’on traverse de part en part, environ 15 mètres assez marrant et au sec !!
Ca y est cette fois, j’en termine en traversant quelques champs puis le pont au dessus du Tarn pour franchir la ligne d’arrivée sous une pluie battante. Content d’en avoir terminé !!
Finisher !!!! en 8h51’ à la 123éme place.
Gros coup de frein sur ces derniers km mais c’est pas grave, je voulais terminé dans de bonne condition et c’est le cas. Une sacrée belle expérience que cette course des Templiers qui vaut largement sa réputation.
Place maintenant à la récupération avant de tenter de rallier Saint-Etienne à Lyon le 05 Décembre prochain…
Bilan après 3 jours: les courbatures sont passées, ce qui est déjà une belle amélioration par rapport à mes autres courses, mais je sens que les fibres musculaires sont touchées en profondeur et il me faudra bien 10 à 15 jours pour que tout rentre dans l’ordre…J’ai l’impression de finir par progresser quand même, peut être qu’un jour je serais capable de recourir dès le lendemain !!
Résumé sympa en video:
Stats
Classement
Les Templiers 2010
sympa le resumé et félicitations pour cette epreuve qui avait l ére de pas etre facile .
RépondreSupprimerSuper compte rendu de ta première participation aux templiers !
RépondreSupprimerPour être Millavois de souche j'ai reconnu tout ton parcours et imagine la difficulté de cette épreuve.
Mais je vois que tu avais bien préparé ton affaire car en moins de 9h c'est vraiment impressionnant...
Encore félicitation pour cette performance de haut vol !
N'oublies pas de laisser un petit mot sur le forum du club (j'ai vendu la mèche en début de semaine sur des performances chronométriques).
++
Rémi
Merci les gars!! place au vélo maintenant pour récupérer....
RépondreSupprimer